Elle a les yeux révolvers – Lilith

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5 février. Le soleil est haut dans le ciel, mais pas trop vu que nous sommes en hiver et en hiver, le soleil est moins haut dans le ciel qu’en été. (Ou le contraire)(tu sais plus)(tu demanderas à google en rentrant) Tu t'arrêtes d’ailleurs en plein milieu de ton chemin pour griffonner ces mots dans ton carnet à il-faut-demander-à-internet-ou-à-Cahal-ou-à-Bowen : “le soleil il est haut ou il est pas haut en hiver ?” Par la même occasion, tu te demandes bien si on est vraiment en hiver. Normalement en hiver, il neige. En Irlande il neige, en tout cas. De la neige jusqu'aux genoux ! C’est beau, la neige en Irlande. Est-ce qu’elle est toute pareille aux États-Unis d’Amérique ? Ça serait bien, comme ça tu te croiras encore en Irlande ! C’est lorsque tes pensées transgivessent vers Noël (parce que Noël = Hiver cela va sans dire) qu’Elle te dépasse. Merde, merde, tu n’as jamais vu d’aussi jolies couleurs. (En vrai si, mais chut.) Il y a du bleu, il y a du vert, il y a du pastel, du électrique. Crotte, tu es encore en train de tomber amoureux. Ton carnet et ton stylo encore dans les mains, te voilà à lui emboiter le pas, les yeux plein d'azur et d’étoiles, devinant les autres nuances de couleurs selon les déclinaisons de lumière. Ô dieu, tu aimerais l’arrêter, l’aborder, lui murmurer ô combien elle est belle, lui demander une photo, lui demander un petit peu de temps pour pouvoir le dessiner, l’embrasser peut-être un peu sur les joues, admirer le grain de sa peau, lui conseiller des soins capillaires, lui… mais tu n’oses pas, tu te contentes de la suivre, cherchant un peu de courage, admirant en silence.

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Lilith marchait tranquillement, un joint entre les lèvres, fumant. Lilith aimait la liberté. Elle se promenait, seule, sans personne à ses côtés. Elle n'avait pas à écouter une personne qui lui dirait où aller et quoi faire. Lilith détestait que les gens lui disent quoi faire. Lilith aimait son indépendance, sa liberté. Elle avait l'impression d'être un oiseau. Un oiseau rebelle et fier de ne pas écouter qui que se soit. Lilith continuait d'avancer, vêtue d'un jean troué aux genoux, d'un chandail à manches courtes noir et d'une veste de cuire de la même couleur. Les seules couleurs flamboyantes sur Lilith était ses cheveux. Tantôt verts et bleus et tantôt roses et oranges. Lilith aimait que ses cheveux soient uniques, particuliers. Elle s'en fichait si ses cheveux pouvaient devenir abîmés avec le temps. De toute façon, cela n'arrivera jamais, parce qu'elle prend soin de ses cheveux. Elle ne prend soin que de ses cheveux. De son corps aussi, mais ce n'était pas la même chose. Non, c'était différent. Lilith marchait, regardant droit devant elle, sans savoir que, près d'elle, un homme l'observait en silence.

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Neil, tu tombes amoureux à chaque respiration. C'est comme ça. Cahal t'a déjà expliqué que l'amour, ça ne fonctionnait pas comme ça mais toi, tu ne fonctionnes pas comme la normale. Maman, elle dit que tu es spéciale et c'est pas en mal, genre être spécial, différents des autres, être dessus supérieur. Neil, quand tu vas mal, tu te dis que tu es l'évolution de l'homo sapiens, une sorte d'homo sapiens au carré. Tu es entre l'humain lambda et le X-Men des bandes-dessinées de Bowen. Ça t'emplie de fierté.
« - On devrait lui parler, tu crois ? que tu articules doucement à Jean-Charles. »
Jean-Charles n'est pas très certain, ça l'inquiète toujours lorsque tu trouves une nouvelle lubie. À Dun Chaoin, tu as même fini au poste parce que tu as suivi trop longtemps une jolie fille, tu as beau eu expliqué que c'est le sac à main jaune canard que tu suivais etpas la fille, la dame n'a rien voulu savoir. Quand papa est venu te chercher, il t'a fait la morale sur la bonne conduite à appliquer mais c'est plus fort que toi : tu suis en espérant avoir assez de courage pour parler. (Ce que tu n'as jamais.) Jean-Charles te dit de rentrer à la maison, que tu vas rater le goûter. Tu t'en fiches, les cheveux sont beaux, tu n'écoutes pas ton ami et tu suis, imaginant de jolis discours dans ta tête. Rapidement, vous vous aventurez dans des ruelles de plus en plus sombres, de plus en plus loin du soleil d'hiver. Ça te fait un peu peur et JCey te fait un sec « je te l'avais dit ! » qui n'est pas trop trop sympa. Tes mains s'agitent dans le vide, tes sourcils se froncent, tu chantonnes pour te rassurer.
Un cul-de-sac.
Quand tu relèves la tête, ce n'est plus les jolis beaux cheveux que tu vois, mais une paire d'yeux.
« - Oh, bonjour. »
C'est tout ce que tu trouves à dire, oubliant les discours et les jolies phrases. Tes yeux fuient le contact, comme toujours. Penaud, tes pieds sont intéressants. Et tes mains s'agitent sans sens, fouettant les airs.

» elle a mordu l'oreiller comme si c'était un cheesecake.