two bodies, one soul (osiris)

Invité

ce soir, blue ne travaille pas. seule, dans le lit deux places de son motel miteux, elle réfléchit. tourne et se retourne sans arrêt. elle s'agace et se maudit de n'être pas capable de trouver le sommeil, à croire que tapiner lui manque. non, ce n'est pas cela.

osiris.

son nom comme une musique, un tatouage indélébile.
c'est un besoin, c'est vital.
elle est en manque.
elle veut sa dose.
et ça ne peut pas attendre.

elle affronte la nuit et les âmes solitaires.
elle affronte les démons sur terre.

il n'y a que quelques rues entre son motel et l'appartement de sa moitié.
et pourtant, cela lui parait trop long. elle presse le pas. impatiente.
elle utilise sa clé de secours.
elle en oublie les convenances.
mais à qui ferait-elle croire cela ? des limites, ils n'en ont jamais eu.
ce qui est à lui et à elle. ce qui est à elle est à lui.
elle lui donnerait tout, si elle pouvait.
si seulement, ils ne pouvaient faire qu'un.

elle se glisse dans son lit, par chance, il est seul.
- Osiris.

qu'elle murmure, telle une caresse. elle se blottit contre lui et soudain, le monde s'arrête de tourner et les étoiles brillent de plus belle.

soudain, tout prend sens à nouveau.

Invité

tu n’as pas envie de jouer ce soir,
la ruche s’agite autour de toi, essayant de comprendre,
n’aimes-tu pourtant pas tout diriger, jouer le chef d’orchestre,
ne trouves-tu toujours pas une règle à briser, un trésor à convoiter,
esprit morose, esprit vagabond,
dieu lassé par ses sujets, par ses jouets,
tu te réfugies dans ton sanctuaire, et clos les rideaux,
ils se font ombre silencieuse, glissant dans la nuit,
te laissant à ton humeur tempétueuse,

esprit tourmenté,
tu attends en vain que morphée t’enlace de son étreinte,
et puis tu reconnais son parfum,
elle, ta belle, ta blue,
elle se blottit contre toi,
et tu respires enfin, l’esprit finalement en paix,

tu n’hésites pas, tu l’étreins,
c’est blue après tout,
avec elle tu rentres les griffes,
tu tombes le masque.

tu poses un baiser sur son front,
ailes de paillon tremblantes, trahissant ton anxiété,
et tu retraces les traits de ce visage tant aimé.
- je suis là.
toujours et à jamais,
si seulement tu pouvais elle aussi la dérober au monde,
si seulement.
- ma blue, ma reine, ma divine, dis-moi quoi faire ?

Invité

plus il ressert l'étreinte, mieux elle respire. elle rêve de s'étouffer de lui, de son ami, de son âme-soeur.
elle jure par tous les cieux qu'ils ont été séparés à la naissance.
que leurs routes étaient faites pour se croiser.
elle ne peut se l'imaginer autrement.

c'est aimer au point d'en perdre la raison.
c'est bien plus que ce qu'on voit dans les films,
lit dans les livres.
personne ne comprend, ne saisit la beauté des ces deux âmes
qui s'éteignent l'une sans l'autre.

- aime-moi plus fort encore.

elle rit de son idiotie.
elle sait sa requête impossible.
il s'en éclaterait le coeur.
elle admire les constellations de ses yeux,
la perfection de ses traits.
il est beau comme une oeuvre d'art.
son chef d'oeuvre,
sa divine créature.

- tout va bien ?

la gamine se frustre. elle n'est pas dans sa tête,
elle ne le sera jamais.
pensée tragique et douloureuse.
besoin vital, peut-être malsain, de tout savoir.
tout le temps. toujours.

de commencer là où il finit.

Invité

l’aimer plus fort encore ?
quand tu l’aimes déjà en crever ?
blue, tu l’as dans la peau,
ton cœur résonne de son nom,
ton esprit vogue sans cesse vers elle,
l’ombre de blue plane,
dans tout ce que tu fais, tout ce que tu es,
elle est ton astre, ta boussole,
elle guide ton âme,
elle apaise ton cœur,

l’aimer plus fort encore ?
tu tuerais pour elle,
tu renoncerais même à tes illusions,
et à tes jeux si délicieux,
tu pourrais l’aimer mieux peut-être,
mais ce ne serait plus vous alors.

elle rit,
et aucun son n'a jamais semblé plus mélodieux,
si seulement tu pouvais le capturer,
tu souhaites la figer dans ce moment,
heureuse, protéger, à toi.

- non.
tu tiens ta promesse,
pas de mensonges,
jamais,
même si ça fait mal.

- je m’inquiète pour toi.
tu hantes mes pensées,
tu tourmentes mon esprit,
comment puis-je te protéger ?
ma divine, profanée par des impies,
ma sublime, objet de leurs envies.

Invité

elle caresse son dos.
c'est l'univers qu'elle a au bout des doigts.
son univers.
son monde.

torpille la douleur,
bat bien trop vite son coeur.
elle se déteste de lui infliger ça.
osiris, il aime pas
il aime pas les ingrats,
les colériques, les moins
que rien.
ceux qui usent et abusent de son corps.
ceux qui volent un peu de sa blue.
un peu plus à chaque fois.

- tout va bien. C'est une promesse.

elle plonge l'océan de ses yeux
dans la noirceur des siens.
ils n'ont de sombre que la couleur.
elle y voit des paysages.
de ceux qui font rêver.

- t'es beau quand tu t'inquiètes. t'es beau tout le temps.

osiris, c'est une belle âme.
il se convint du contraire,
mais elle le sait.
elle voit en lui toute la beauté
du monde. là où elle ne voit que
misère chez les autres.

- souris pour moi.

son sourire, c'est son salut.
elle ne peut être en paix que
bercée par les battements de son
coeur et par la vue de ses lèvres
qui s'étirent comme le soleil
dans le ciel.

Invité

tu oublies un instant tes inquiétudes,
tu te fais chat indolent,
et tu ronronnes sous ses caresses,
si seulement les choses pouvaient toujours être ainsi,
toujours aussi simples.

elle promet,
et tu doutes,
tes certitudes vacillent,
s’enlisent,
et tu perds pieds.

tu détestes leur convoitise écœurante,
tu détestes ces êtres infâmes, abjectes,
pour la première fois, tu ne comprends pas,
tu ne comprends plus, ta blue.

elle promet,
et tu fais comme si,
comme si t’y croyais,
comme si la vérité pouvait être aussi simple.

- d’accord.

tu fermes les yeux un instant,
tu imagines qu’il n’y a que vous,
que le monde n’existe plus,
vous êtes le centre de tout,
vous êtes deux constellations,
entrées en collision.

ses yeux sont plongés dans les tiens,
et ton âme frémit,
reconnaissant sa moitié manquante,
et tu te noies dans cet océan azur,
naufragé volontaire de ta belle sirène.

- mon adorée, tu es sublime, tu es divine.

t'en as presque mal,
elle t'éblouit tellement,
elle brille tellement fort,
ton étoile filante, ta comète.

- toujours. si tu fais de même.

tu souris,
évidemment,
elle te l'a demandé,
et c'est si facile,
si facile quand elle est près de toi.

Invité

pas de mensonges, jamais. il peut lire en elle comme dans un livre ouvert. mais elle a pas su. elle a pas su trouver les mots. pour lui dire qu'elle ignorait ce qu'elle ressentait vraiment. blue, elle avait passé sa vie à être enfermée dans une cage.
et soudain, le monde s'offre à elle. bien trop vaste, bien trop indécent.
elle sait pas gérer ça. mais dans le fond, elle a pas le choix.
elle peut pas revenir d'où elle vient. elle peut pas retrouver son frère.
jamais.

elle aime le voir sourire.
c'est réconfortant.
un peu de douceur
dans ce monde qui
s'enlaidit.

tout comme blue.
beauté fanée, abusée.
chaque amant lui vole
un morceau de son âme.

alors qu'elle, elle aimerait tout lui donner.
tout donner à osiris.
sa moitié.
ses rêves, ses songes.
ses mots.
tout.

elle sourit à son tour.
elle ne fait pas semblant.
pas cette fois.
tout est vrai avec lui.
elle fait tomber les masques.
sensation délicieuse.
être soi-même, sans honte
ni regrets.

- raconte-moi ta vie.

elle veut tout savoir.
le moindre détail.
et alors qu'elle se niche
contre lui, elle sent le
sommeil, mais lutte.
non, morphée ne l'aura pas.
pas ce soir.
pas quand elle est avec lui.

magicien merveilleux qui lui fait croire encore aux belles choses.

Invité

elle sourit,
et ton monde tourne enfin rond,
elle sourit,
et tout te parait possible,
tu la fixes comme si elle allait disparaître,
comme si elle n'était un mirage entraperçu au cœur du désert,
tu ne veux pas perdre une seconde de cet instant,
tu refuses de laisser filer le temps,
là aussi, tu veux te faire voleur,
le voleur de vos moments ensembles,
tu veux les soustraire à ce temps assassin,
les préserver à jamais.

en cet instant, t'aimerais être un artiste,
t'aimerais capturer l’âme de blue,
en capturer l'étincelle,
elle est si belle blue,
et encore plus quand elle est heureuse,
quand elle est toute à toi.

blue, blue, blue,
toujours blue,
c'est pas normal d'aimer autant quelqu'un,
c'est ce qu'on t'a dit en tout cas,
mais toi, tu t'en fous,
ils sont juste jaloux,
ils savent pas ce que c'est que de trouver sa moitié,
ils savent pas ce que ça fait de se sentir complet,
de se sentir aimé,
y'a rien de plus beau que ce que t'as avec blue,
c'est pure, c'est inconditionnel.

osiris, toujours la tête dans les étoiles,
osiris, jamais les pieds sur terre,
osiris, l’imagination toujours en marche,
le monde n’est que déception,
alors tu en inventes un nouveau,
un monde à la hauteur de tes rêves.

toi, t’as jamais aimé la vérité,
elle est bien trop laide,
t’as toujours préféré tes illusions,
au moins avec elles tout est possible.
tu te fais conteur,
et tu parles d’oasis lointaine,
tu parle de constellations oubliées,
tu parle de trésors,
et de magicien.

- il y avait une magicienne, elle voulait un enfant, un magicien à qui elle pourrait tout apprendre. elle a embrassé quelques crapauds avant de trouver le bon, et une fois qu'elle a eu ce qu'elle a voulait elle a disparu. elle a quitté son monde de sable pour le bitume. dans un nuage d'encens, elle a fait apparaître son magicien. il a grandi, il a appris, son talent était inné. il a rencontré une étoile filante et il a su qu'elle était sa moitié, cette moitié manquante volée par des dieux jaloux. il n'a eu qu'à plonger dans l'océan de ses yeux pour que son âme frémisse.

tu attrapes sa main,
y presses un baiser,
ta blue combat morphée,
lutte faussée,
combat perdu d'avance.

- dois-je continuer ?

Invité

il est magicien des mots.
sa shéhérazade au masculin.
il lui conte sa vie.
elle boit avidement ses paroles.
c'est comme une douce mélodie.
une caresse pour l'âme et l'oreille.

elle veut pas dormir, blue.
elle a soif d'en entendre plus.
pas satisfaite. pas rassasiée.
mais elle ne le sera jamais.
chaque instant aux côtés d'osiris
est un trésor précieux.
et tout le temps du monde
ne sera jamais suffisant.

- ne t'arrête jamais.

qu'elle dit de sa voix douce, ensorcelée.
ses grands yeux bleus sont fatigués,
mais ils brillent de mille feux à la vue
de cet adonis, de cet apollon qu'elle
a la chance de nommer sa moitié.

elle l'aime osiris. peut-être même trop.
c'est ce que les autres disent.
que c'est pas normal. que c'est pas sain.
que dans le fond, ils finiront ensemble.
mais non.
il n'est pas question de ça.
c'est pas comme ça.
les mots ne sont pas à la hauteur
d'osiris et de blue. d'eux.

elle l'aime comme un morceau d'elle.
comme si on lui avait retiré une partie
de son âme à la naissance et qu'elle
l'avait retrouvé chez lui.
comme si sa vie n'avait trouvé
de sens qu'à ses côtés.
et si blue s'aime ne serait-ce qu'un peu,
c'est bien parce qu'il est là.
c'est bien parce qu'il est le soleil de sa lune.

elle pense brièvement à lazare.
c'est pas le même genre d'amour.
l'un est meurtrier, l'autre salvateur.
l'un est tordu et tortueux, l'autre
est pur et innocent.

elle lui en parle pas. jamais.
elle sait qu'il ne comprendrait pas,
qu'il sortirait de ses gonds à
imaginer cet homme, cet intrus,
maltraité sa blue de la sorte.

il en viendrait aux mains.
peut-être même au sang.

- osiris... dis-moi que je ne te dégoute pas.
je t'en supplie.
dis-moi que ce que je fais ne me définie pas.
dis-moi ces choses.

c'est les mots de lazare marqués
au fer rouge qui la travaillent.
elle a besoin de douceur blue.
elle a besoin que son âme-soeur
lui chante ses louanges.
de savoir qu'il n'a pas honte
de ce qu'elle est devenue.

» death is for other people. not for us. (osiris)
» (M/F) Dirty Soul