beyond the veil (+) jax

beyond the veil

Jax & Dana

Dana entendait au loin le bruit de la ville. Dans la rue, représentative de l’âme de Dédale, était parfois trop bruyante ou alors trop silencieuse. Jamais de juste milieu, toujours dans l’excès des choses. De la fenêtre de son appartement, Dana regardait ça de loin. Une sensation d’être dans une fausse tour d’ivoire, que les murs de briques pouvaient la protéger du monde extérieur. Elle sortit de ses pensées en sentant son chat se frotter à ses jambes. Elle attrapa la grosse boule de poils noire, un chat qu’elle avait récupéré dans un refuge et qui depuis passait sa vie entre les bras de Dana et le canapé. Une vie comme beaucoup de monde à Dédale aurait sûrement préféré. Tranquille, où le seul souci est de savoir sur quoi on va dormir et quand on va manger ses croquettes. Comparer sa vie à celle de son chat était perdu d’avance, il avait forcément une meilleure vie. La jeune fille le gratta derrière l’oreille avant de le reposer à terre.

Dana traversa le couloir et se rendit dans la chambre du fond. Autrefois habitée par son colocataire, la jeune femme décida de réaménager la pièce et en fit son laboratoire. Toujours officiellement étudiante en chimie, si jamais le propriétaire venait à poser des questions, elle pourrait toujours dire que c’est pour ses études. Qu’elle doit faire quelques expériences à la maison pour ses études. Ça c’est la version officielle, la version légale. A côté de ça, son petit boulot de chimiste pour les nights owls l’était beaucoup moins. Améliorer, modifier, transformer. Toute la marchandise pure arrivait chez elle – ou chez les autres chimistes – afin d’opérer à quelques changements. On lui demandait parfois, pour certains clients, d’améliorer, de rendre le produit d’une meilleure qualité. Ou à l’inverse, pour les petites cames, il fallait rendre le produit plus additif, que celui qui le consomme ait envie de reprendre. Dana créait des dépendances. Tout ça, pour quelques billets verts par mois. Elle faisait partie de ses petites mains qui ne risquaient rien, qui ne descendaient pas la rue et ne voyait pas les camés en manque de leur dose. Un boulot sans danger… Quoiqu’une descente de flics chez elle et ils se feraient plaisir. Mais c’était le risque, elle savait qu’elle avait franchi la ligne de la légalité depuis un bon moment.

Dana se pencha sur sa table de travail. Elle avait reçu de la nouvelle marchandise qu’elle devait épurée. Elle avait presque une sorte de cahier des charges à suivre selon chaque réception. Même si parfois, elle se permettait quelques libertés. De nouveaux procédés, de nouveaux éléments, tout ce qui lui passait par la tête. Elle se consolait en se disant qu’Albert Einstein avait bossé sur le projet physique le plus meurtrier du monde après tout. Elle se tourna vers un tableau accroché au mur. Toutes ses réflexions étaient sur ce tableau. Ses formules et ses calculs. Elle était en train de réaliser quelques calculs quand on frappa à la porte. Dana avait déjà une vague idée de qui cela pouvait être, même si être interrompue dans son travail la dérangeait. Elle l’attendait sans vraiment l’attendre. Elle aurait pu faire la morte mais ça n’aurait servi à rien. Toujours avec son feutre dans les mains, elle alla à sa porte, prenant tout de même le temps de regarder qui c’était. Et sans surprise, c’était lui.