Les femmes ça le fascine ça le captive,
elles l’ensorcèlent. Elles l’enivrent bien plus que les forts alcools.
Il sent que son corps se durcit, à la regarder se trémousser comme un nuage de fumée,
il se demande même si elle est réelle,
tellement elle est belle.
Ses courbes ésotériques qu’il aimerait étudier du bout des doigts,
ses mèches désobéissantes qu’il aimerait rabattre derrière une oreille,
une oreille dans laquelle il aimerait susurrer des belles paroles pour la corrompre,
pour lui conjurer de se perdre dans ses bras l’instant d’une nuit.
Il connaît son prénom.
Il n’ose pas le murmurer.
Cette femme est un tabou, un plaisir qu’il s’octroie certains soirs où la nuit est calme.
Cette femme c’est un fantasme qu’il admire du fond de la salle, loin des pigs qui la sifflent, qui la souillent de leurs regards abjects. Ces âmes infâmes. Salim il essaie de ne pas y prêter attention, mais il aimerait faire siffler sa lame pour leur apprendre le respect. Car une femme comme elle, ça se respecte, ça s’admire. Il lui lance des louanges muets du fond de la salle, elle a son entière attention.
Elle tourne, elle tourbillonne sur scène, et Salim il tournoie, il virevolte sur sa chaise, tout en restant complètement immobile, complètement absorbé par cette danse voluptueuse.
Quand c’est fini, quand une autre prend sa place, quand son cœur reprend son souffle et que son corps expire enfin, quand le temps reprend sa course et que les pieds de Salim retouche la terre ferme, quand elle cesse de danser, il n’a plus raison de rester.
Il se lève et fait passer sa langue entre ses lèvres enflammées.
Ce soir il a envie de tenter. Il a envie de pêcher, il a envie de sacré.
Il se faufile hors de la maison close, des sons étouffés lui parvient, des gémissements se discernent dans l’atmosphère feutré de ce lieu de débauche. Il contourne le bâtiment. La nuit noire est ponctuée par des milliers d’étoiles.
Il aimerait en décrocher une, ce soir.
Il connait son prénom, à cette étoile.
Une voyelle, la première, comme un souffle qui s’échappe de ses lèvres entrouvertes.
Deux consommes, couplées pour former une lamentation. Ensemble elles forment un prénom qui entaille bien plus profond que sa lame.
Il se pose sur une caisse, près de là où il l’a déjà vu sortir. L’obscurité l’embrasse, l’enveloppe de ses bras ténébreux. Il sort son couteau et le fait danser autour de ses doigts. Il tue l’attente.
Vingt minutes.
Il attendra vingt-minutes.
Si elle ne sort pas, il reviendra la voir.
Demain, sûrement.
Dans ses rêves, déjà.
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