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 gris spleen (svea)

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MessageSujet: gris spleen (svea)   gris spleen (svea) EmptyMer 8 Fév - 23:56


les balançoires qui tanguent dans le noir,
aux chaînes d’un gris clair
d’un gris cru
d’un gris miroir,
où s’reflète la lune, pour mieux s’refléter dans les prunelles de nour.
l’air un peu froid, le manteau trop peu épais et la clope de rien du tout au bec.
celle qui réchauffe pas. ou pas assez.
et nour qui observe les balançoires, de loin. juste à l’entrée du terrain de jeux. accoudée sur le grillage de bois tout niqué (des gosses du coin y ont mis le feu la semaine dernière), elle observe les balançoires qui tanguent
dans le noir.
et elle observe plus précisément le dos fatigué et les longs cheveux fins
et emmêlés
et qui s’emmêlent toujours plus, comme s’emmêle le vent.
là, comme pris de mélancolie, y’a un fantôme.
et si les balançoires tanguent, c’est de sa faute. c’est parce qu’il les fait tanguer. et quand elles tanguent, elles font un bruit de balançoires qui tanguent. elles font un bruit de jouet pété, de chaînes rouillées, de quartier blessé, de ville abandonnée. elles font crrr et puis ça part dans les aigus.
c’est insupportable.
ça donne envie de se hisser sur l’une des deux planches de plastique broyé
pieds joints
comme si t’allais sauter.
et tu sautes.
juste qu’avant, t’enroules ton p’tit cou d’enfant triste autour des maillons gris
gris mort
gris maladie.
et puis voilà, c’est fini.
nour enjambe le petit grillage, s’approche du fantôme tristounet. elle fait beaucoup de bruit en marchant sur les graviers, et pourtant le fantôme ne se retourne pas. il reste assis, comme ça, sans bouger.
et si nour était un violeur, elle l’aurait violé.
et si nour était un tueur, elle l’aurait tué.
et le fantôme, lui, il aurait rien fait.
nour prend place sur la deuxième balançoire, prête à lui donner un sens, une utilité. une raison de tanguer, de grincer, de faire chier.
elle sort son briquet, rallume sa clope qui s’était éteinte (foutu vent, foutu froid). elle prend une taffe et elle vomit sa fumée. elle prend l’temps de la finir, elle en propose même pas à son spectre. elle craint que les cendres ne le fassent disparaître. et puis nour, elle est pas sympa. voilà. t’es la meuf que j’ai sortie de l’eau la dernière fois, pas vrai ?
sa voix résonne vachement grave dans la nuit. éraillée. fatiguée aussi.
tout le monde est crevé, ici. tout le monde crève, aussi.
on n’a pas eu l’occasion d’se présenter. j’suis nour.
et de se pencher, de dévisager les traits fins, pâles et tirés.
allez vas-y dis. c’est quoi qui va pas ?
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MessageSujet: Re: gris spleen (svea)   gris spleen (svea) EmptyVen 10 Fév - 21:52

un jouet.
deux jouets.
mille jouets.
tout ce qu'elle n'a jamais possédé, mais qu'elle a toujours voulu avoir. elle n'a jamais pu s'amuser avec les autres. rigoler à en perdre le souffle. pleurer à en perdre la raison. elle n'a jamais bu avec des amis. partagé une clope avec quelqu'un. chanté dans la rue et faire chier les voisins. crier au monde qu'elle en a rien de foutre, d'être un peu bancale, un peu banale. hurler au ciel que même si il verse ses larmes sur elle, elles finiront par sécher un jour. que tout rentrera dans l'ordre. que rien n'est perdu, tout sera à gagner. elle n'a jamais aimé. elle n'a jamais été aimée. elle a trop souffert en seulement dix-huit ans, qui se noient depuis trop longtemps. elle n'a jamais été libre, toujours été seule. jamais entourée, toujours occupée.
occupée à s'emmerder.
elle est censée avoir une famille, mais elle n'en a plus vraiment. son cœur le répond qu'elle en aura toujours une, même s'ils ne partagent pas le même sang. la raison dira que personne ne tient à elle. qu'elle est condamnée à jamais.  étendue sur la chaussée.
svea, elle a jamais écouté son cœur, mais toujours sa raison. quelle foutue connerie. il n'y a rien de pire que la raison.
sa raison, par exemple, elle lui dicte de garder la tête basse, et de ne jamais crier après les autres, par peur de se faire encore plus engueuler. ferme ta gueule et écoute. t'es qu'une misérable. une ordure dont il faut se débarrasser. t'as pas ta place dans ce monde. tu sers à rien. dégage.
dégager.
elle n'a jamais osé le faire.
tout quitter pour de bon. faire son sac et laisser tout derrière soi. goutter au goût sucré de la liberté, et laisser de côté celui amer qui persiste sur la langue depuis bien trop longtemps. dix-huit années. putain, que le temps passe lentement.
sauf que svea, elle écoute pas son cœur qui lui dicte de se barrer. elle reste sur les envies malsaines de sa raison, qui lui fait du mal jour après jour. semaine après semaine.
et après on se demande pourquoi elle semble dérangée.
c'est pas parce qu'elle fait la dure qu'elle n'a pas de cœur. elle en a un, même s'il est bien caché, et qu'il est impossible de le voir. svea, elle le sait, parce qu'elle l'entend battre sous sa poitrine de temps en temps. dans ces moments là, elle a juste besoin d'être un peu seule, dehors dans la nuit. sur les toits des maisons ou sur les balançoires qui grincent tout doucement.
ce soir, elle en a besoin.
plus que n'importe quand.
parce que svea, c'est dans ces moments là, lorque son corps et son esprit sont faibles, qu'elle a besoin de tout couper avec le monde. faire le point avec elle même, et daigner d'écouter un peu ce que son cœur a à lui dire.
généralement, elle ne l'écoute pas trop, mais ce soir, c'est différent. parce que ce soir, elle n'est pas totalement seule svea. c'est lorsqu'elle a entendu les graviers se frotter entre deux, comme de vilains prostitués, qu'elle a comprit qu'il y avait quelqu'un. sauf qu'elle ne s'est pas retournée, par peur d'avoir tout imaginé.
et puis, lorsqu'une voix cristalline a raisonné à ses côtés, elle n'a pas pu résister à l'envie de se retourner.
et puis elle l'a vue
la sauveuse
elle.
elle ne connait pas son nom, mais ne pourrait jamais oublier son visage. le dernier qu'elle aurait pu voir de sa vie.
c'est comme si elle se réveillait d'un cauchemar.
rien qu'en la voyant ici, elle se sentait un peu mieux.
juste un peu.
c'est moi.
c'est elle. celle qui a manqué de se noyer. triste vie.
svea.
elle même.
pourquoi est-ce que ça fait aussi mal, nour?
les coups et les blessures. les coups de couteaux dans le dos. les bleus sur le corps meurtrit. mais aussi les blessures de l’esprit, celles qui ne s'effacent pas, et qui ne s'effaceront jamais.
dis moi, pourquoi pourquoi j'ai autant mal à l’intérieur?
une larme coule.
puis deux.
et c'est le déluge.
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MessageSujet: Re: gris spleen (svea)   gris spleen (svea) EmptyMar 28 Fév - 21:01


astre impitoyable au-dessus des crânes malheureux qui, comme le soleil en plein jour, leur fait mal, les frappe avec violence.
c’est le cafard, le blues. c’est un truc qui t’prend à la gorge et te donne envie d’gueuler au monde que c’est qu’un con, que s’il a un problème avec toi il ferait bien de te le dire,
parce que toi t’en peux plus mais la vie, elle, elle t’attend pas.
y’a pas de pause pipi, y’a pas de temps mort, y’a rien.
si tu suis pas c’est tant pis. si tu suis pas c’est fini.
nour, ça fait longtemps qu’elle l’a compris.
alors nour, elle fait avec cette règle injuste.
nour, elle est jamais déçue (ou presque) et beaucoup voient ça comme un exploit alors que non
c’est pas ouf
c’est juste que quand t’as de l’espoir en rien, quand t’attends rien de personne, ben tu peux pas être déçu.
les gens sont méchants mais ils te feront mal que si tu leur en donnes les moyens, que nour elle pense.
elle pense que si elle leur donne pas les armes, alors ils feront rien.
nour aussi, elle est comme ça.
y’a pas d’exceptions, en fait. y’a juste la nature humaine.
qui parfois te fait agir comme un con alors que de base, bah tu l’es pas.
qui parfois te force à regarder tout le mal que t’as pu faire, alors que c’est pas c’que tu voulais.
mais être humain ça veut aussi dire pouvoir sourire aux enfants qui sont trop innocents, rire aux blagues pourries d’achille et aimer atlas pour toujours.
être humain ça veut dire pouvoir chopper la main qui sort de l’eau, tirer le corps qui s’en va, sauver la gamine qui se noie.
rencontrer svea.
et ça c’est tellement top que ça vaut bien quelques cœurs brisés, des bleus sur une âme en peine et du sang sur le bas-côté.
être en vie ça plait bien à nour.
t’as un joli prénom, on dirait celui d’une princesse.
allez viens, sois ma princesse.
et le sourire de nour fend les cieux, la nuit, la lune.
mais pas le cafard de svea.
et svea, elle pleure.
elle pleure parce que ça va pas. elle pleure sans savoir pourquoi. elle pleure parce que la balance censée garder un équilibre entre la merde et le bonheur pèse beaucoup plus d’un côté que de l’autre.
elle pleure parce qu’elle en a marre.
et nour, elle comprend.
elle comprend tout sans que svea ait besoin d’en parler.
les larmes ont pas besoin d’être expliquées.
mais voilà, elle dit rien.
et svea elle peut pas lire dans sa tête, alors elle peut pas savoir comment ça la chamboule, à nour, de la voir toute triste comme ça.
les princesses ça pleure pas.
elle voudrait dire plein de choses pourtant, mais y’a rien qui sort.
elle voudrait lui dire que si elle laisse ses jolies joues s’mouiller comme ça, elle va attraper froid.
elle voudrait lui dire pleure pas princesse, c’est pas grave.
elle voudrait lui dire que demain elle viendra à la maison, qu’elles sortiront toutes les deux
sous le soleil
et svea sera heureuse, si elle le veut bien.
nour elle pense que svea doit être sacrément belle au soleil.
nour, elle voudrait lui dire tout ça
et bien plus encore.
mais non, elle le lui dit pas.
c’est que nour, elle est maladroite.
alors juste elle la regarde, et on dirait une apprenti-maman qui voit sa fille se casser la gueule devant elle et pleurer toutes les larmes de son corps parce qu’elle a les genoux qui saignent et que ça fait foutrement mal mais elle ose rien faire parce qu’elle sait pas comment on fait
elle sait pas c’qui la ferait aller mieux
elle sait même pas pourquoi ça fait mal.
alors nour, tout c’qu’elle trouve à faire, c’est de tendre la main vers la princesse.
elle serre ses doigts tremblants bien fort
de toutes ses forces, même.
arrête.
plus fort encore.
arrête putain, tu vois pas que je prends toute ta peine ? regarde, t’as plus mal.
et, se levant de son trône branlant, nour entoure les épaules de svea de ses longs bras
et vient déposer un baiser sur le haut de son crâne.
c’est ce que sa maman à elle aurait fait.
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